L’horaire 2018, en projet, engendrerait des ruptures de correspondance pour tous les trains bordant la ligne du Simplon. Le trajet vers Berne serait prolongé de 30 minutes.
«Nous réclamons le statu quo, explique Georges Oberson, directeur général des transports publics MOB/MVR à Montreux. Ce nouvel horaire tue la cadence à la demi-heure pour les voyageurs de l’Est vaudois circulant en direction et en provenance de Fribourg et de Berne.»
Le nouvel horaire CFF 2018, en consultation jusqu’au 18 juin, suscite une levée de boucliers dans l’Est vaudois. Les arrêts projetés à Romont (FR) et à Palézieux ainsi que la minute de battement supplémentaire prévue en gare de Lausanne provoqueront des ruptures de correspondance pour tous les trains bordant la ligne du Simplon (Vevey - Les Pléiades, Montreux-Zweisimmen, Montreux-Les Rochers-de-Naye, Aigle-Leysin, Aigle-Les Diablerets, Aigle-Champéry, Bex-Villars-Bretaye, entre autres). Conséquence, dès décembre prochain, si le projet d’horaire est entériné, le temps de parcours en direction et en provenance de Fribourg et de Berne sera prolongé le plus souvent d’une demi-heure pour les usagers de ces régions. «Pour nos trois lignes au départ de Vevey et de Montreux, cela représente 150 personnes concernées par jour, calcule Gabriel Rosetti, responsable voyageurs du MOB/MVR. Mais il y aura sans doute davantage d’usagers lésés au départ d’Aigle, de Montreux et de Vevey. Cela va faire chuter notre fréquentation.»
Si la Riviera et le Chablais sont particulièrement touchés par le changement d’horaire, c’est aussi le cas de Fribourg, de Berne (notamment pour les correspondances de Bâle, d’Olten et de Zurich), de Lucerne et plus globalement de… la Suisse alémanique. «Nous allons appeler toutes les communes du Chablais à s’insurger contre ce projet d’horaire, confie Frédéric Borloz, syndic d’Aigle, conseiller national et président des Transports publics du Chablais (TPC). Pour ma part, si je dois poireauter une demi-heure à Lausanne pour aller à Berne, alors je prendrai ma voiture.»
Pendant six ans
Ce changement d’horaire, perçu par les transporteurs de la Riviera et du Chablais comme une réduction massive de l’offre des CFF, pourrait se prolonger jusqu’à la fin des travaux de rénovation de la gare de Lausanne, dans six ans. Ce qui suscite de grosses craintes parmi les acteurs du tourisme régional. Annoncé pour 2019, le TransGoldenPass – la liaison directe de Montreux à Interlaken –, par exemple, en souffrirait. «Les touristes en provenance de Suisse alémanique intéressés à prendre ce train pour rejoindre la Riviera seront sans doute dissuadés par le temps de parcours accru de leur trajet de retour via le réseau CFF», précise Georges Oberson.
«Nous allons tenter d’infléchir les CFF une fois encore, même si nous avons déjà essayé en vain, assure Nuria Gorrite, ministre vaudoise des Transports. Ce projet d’horaire va péjorer nombre de liaisons dans l’Est vaudois et à un moment particulièrement crucial pour les Alpes vaudoises.»
Les CFF relèvent, eux, que le nouvel horaire en consultation fait aussi des heureux, notamment du côté de Nyon et de Morges, qui bénéficieront de liaisons directes vers la capitale fédérale. «Pour l’Est vaudois, la cadence à la demi-heure vers Berne durant les heures de pointe sera maintenue, souligne Jean-Philippe Schmidt, porte-parole. Nous avons calculé que la réduction de l’offre ne concernerait que 300 personnes sur la Riviera et dans le Chablais. Mais ces deux régions bénéficieront d’un temps de parcours raccourci de douze minutes à destination de Genève.» L’horaire 2018 est en consultation une semaine encore. Mais les CFF laissent entendre que le projet est d’ores et déjà «bien élaboré». Pas sûr par conséquent qu’il puisse être modifié.
Il est vrai que si l'on doit attendre plus de dix minutes pour les correspondances, ça va rendre moins attractif le train.